Avant le départ nous discutons de l’édition 2023 décevante. Nous avions fait une excellente montée au Bouveret et ensuite tout perdu au retour. Les conditions de vent d’ouest annoncées vont certainement créer des passages à niveau. En particulier dans le haut lac où l’inversion avec la vaudaire est très probable. L’équipage est motivé, nous avons notre dream team à bord avec Yan et moi à la tactique, GV et barre, Yanik et Nico à l’embraque, Mark sur le pont et à l’embraque et Flo au piano. Le bateau est parfaitement préparé, y a plus qu’à bien naviguer…
15 et 16 juin 2024
Au départ le vent vient relativement de la droite (côte française). Ce n’est pas vraiment annoncé par notre modèle, mais c’est pas grave. On se décide pour un dèpart à l’asymtrique en tribord amure. Notre objectif est de trouver une zone sur la ligne pas trop dense, où l’on pourra faire marcher le bateau sans trop de dévents. On trouve une zone correcte mi-ligne. Le départ est bon, on est tout de suite rapide. Pas trop de gros bateaux qui nous déventent. On passe relativement proche de la pointe à la bise, les risées sont bonnes et les bateaux rapides s’alignent derièrre nous. Ils savent qu’ils n’ont aucune chance de nous passer au vent, donc ils essaient par-dessous. Cela nous laisse une ligne claire jusqu’à Chens-sur-Léman environ. A ce moment le vent adonne et il est temps de passer au gros spi symétrique. Nos adversaires les plus proches, Bachi Bouzouk, Mea Huna et Morpho en font de même. La glisse est très bonne, nous filons le long de la côte française en parcourant un minimum de distance. Nos adversaires reviennent gentillement sur nous car le vent mollit légèrement devant. Au niveau de la pointe de Ripaille, Morpho et Mea Huna sont sont revenu à 100m environ. Le vent devient instable et nous enchaînons deux empannages pour garder une bonne pression. Devant nous le vent molli clairement. Nous voyons de très gros bateaux en train de se battre pour passer la transition en vaudaire. Nous avons l’avantage de venir avec de la vitesse depuis l’arrière, nous pouvons donc choisir à quel endroit nous voulons nous placer pour cette transition. On se décide pour rester relativement à droite (côte française). Ça se passe bien. La transition est plutôt courte, on repart doucement au début au près en tribord amure. Puis le vent monte et nous sommes tous au rappel pour remonter le long de la côte entre Meillerie et St-Gingolphe. A partir de là le vent tombe et le conditions deviennent très aléatoires. Il faut se battre pour chaque bouffée et essaier de nous rapprocher de la bouée d’entrée. Morpho et Mea Huna nous passent juste devant à la bouée d’entrée. Nous repassons Morpho entre la bouée d’entrée et la barge. Tout le monde est à l’arrêt et ce sont les petits bateaux qui reviennent fort. La densité de bateaux dans la région du Bouveret est impressionnante.
Nous finissons par toucher une petite vaudaire qui ne souffle que sur la droite (côte suisse). Elle nous permet de nous rapprocher de Meillerie. Devant nous, nous voyons le front d’ouest qui s’approche très lentement. Les bateaux situés plus proches de la suisse touchent avant nous. Heureusement, lorsque nous partons dans l’ouest, nous sommes encore en tête des GS. Manawa et Morpho sont maintenant nos plus proches concurrents. Nous sommes parti pour 7 heures de près. Le vent est bien appuyé. Nous sommes plus qu’à fond avec la GV parfois en drapeau. Nous décidons de rester côte française pour le retour. Nous voulons garder l’intérieur du virage. Tous se passe très bien. Le bateau est rapide, les bords sont bons et nous creusons légèrement sur nos adversaires. Nous revenons même sur des bateaux rapides comme des Lüthi. On constate toute la performance au près dans la brise du GS !
A Yvoire le vent baisse. Mais reste en ouest. Nous essayons simplement de toujours faire le bord qui nous rapproche le plus de Genève. Cela fonctionne très bien. Nous constaterons plus tard avec le replay que c’est la partie de la course où nous avons fait le plus d’écart. Nous coupons la ligne à 1h30. Nous savons que nous avons gagné en GS, mais c’est évidemment bien après que nous apprendrons avoir aussi gagné en compensé toutes classes. Une performance magnifique et inespérée qui tombe fort bien pour marquer les 25 ans de la classe sur le Léman.
Il nous reste à ranger, faire le plein et repartir en convoyage vers Lausanne. Je pars avec Nico. J’assure les deux premières heures en serrant les dents et en faisant très attention aux bateaux qui sont encore en course. Vers 4h30 changement de quart et je plonge dans la couchette pour m’e ffondrer de fatigue.
Je crois que dans mes rêves je refais la course. Nous sommes vraiment content du déroulement. Nous avons bien navigué et aussi eu de la chance à certains moments cruciaux. Un grand bravo à tous mes équipiers pour cette performance. Félicitations à tous nos adversaires. Bravo à tous les GS présents. Nous sommes clairement la 2ème série du Léman avec 25 bateaux inscrits et c’est magnifique.
On se retrouve en juillet à Nernier pour les 6 heures.
Bernard Borter pour Little Nemo2