Retour sur les 5 jours du Léman 2023 (5JL), qui ont été d’une fantastique intensité.
photo © Yves Ryncki
Du 23 au 27 juillet 2023
Christophe :
Mon histoire avec les 5JL commence en 2003 sur une plage lors d’un barbecue. Je viens d’acheter un surprise et un copain me dit : « tu vois ces surprise au loin ? » et il m’explique cette course que je ne connaissais pas. 2 ans plus tard nous voilà inscrits. 5JL terribles avec 72 h de pluie et de froid.
Quelques années plus tard rencontre de François, au détour d’une épreuve en voile virtuel suivie d’une fondue et d’un championnat de surprise à Thonon. Nous voilà de nouveau sur la ligne de départ des 5JL.
Ensuite vente du surprise au profit d’1 Grand Surprise sur lequel François gérait la saison de régate.
Fini donc les 5JL, même si tous les ans nous suivons assidument ces 120 h de régate en monotype sur notre lac.
Hivers 2023, l’avis de course de l’édition à venir paraît et Oh « surprise ! » les Grands (Surprises) sont invités à courir. J’en parle avec ma fille et nous voilà motivés.
Malheureusement, à la suite d’un accident de ski je me retrouve avec un physique diminué et la régate s’éloigne. Au retour du Bol d’Or (BOM23) changement de programme avec François, nous voilà remotivés. L’envie de retrouver les émotions de cette épreuve nous fait oublier notre handicap physique respectif encore présent. Après avis médical positif et contre avis familiale négatif nous voilà sur la ligne de départ.
Le stresse monte d’autant que la météo est loin des petites thermiques d’été sur lequel nous avions pariés.
Jour 1
Départ prudent envoie du spi premier empannage et première boulette mauvaise coordination de l’équipage qui n’a pas navigué ensemble depuis un moment et le spi se gonfle entre l’étai et le mât. Pas grave, rigolade à bord on remet en place mais nous voilà dernier un peu distancé. Un peu de stress à bord quand même à la suite de nos expériences précédentes nous savons que nous ne devons absolument pas nous trouver isolés sinon ces 120 h de régate pourraient se transformer en un convoyage peu intéressant…
La flotte monte sur Thonon on reste un peu à droite ça mollit, ça revient ; LITTLE NEMO 2 s’échappe côte française, nous ne le reverrons plus sauf à chaque croisement avec un peu plus ou un peu moins d’avance. Les 4 autres GS restent à peu près groupés.
Premier repas : première inquiétude, pour être légers nous l’étions ! Nous avions oubliés de remettre à bord les couverts, ni cuillère, ni fourchette ! Système D oblige, avec une bouteille en plastique vide, j’en fabrique 2.
Première nuit, descente sous spi, premier orage annoncé. Comme prévu nous naviguons « safe » : affalons vite le spi après l’apparition des feux de tempête puis le génois quand la température baisse de manière significative et affrontons ce premier orage, GV haute, génois sur le pont. Tout va bien je glisse sur le bouveret cherche la bouée dans une visibilité nulle pour moi et fini par virer sous l’orage à 50m de la digue du port du Bouveret : « François j’ai dû rater un truc… !!! ». On suit la côte vers le nord, on finit par entendre : « TRIBORD » en pleine nuit au milieu de nulle part. C’est NOE qui déboule sur nous, effectivement prioritaire. Top ! tel un lièvre il nous montre où se trouve cette bouée. On lof pour passer derrière NOE et prendre l’intérieur, laissant ainsi NOE qui doit empanner sous l’orage, disparaître. Leur manœuvre a dû être chaude. Nous partons sur Vidy pour la fin du premier tour.
Jour 2
Il ressemble à l’identique au premier. Succession d’orages sous un flux d’ouest soutenu beaucoup de glisse et de vitesse à bord de nos Grands Surprises nous faisons 3 tours en moins de 48 h. La bataille fait rage, changement de place à chaque bouée entre FLASH, NOE et CHAMAN. LITTLE NEMO 2 est parti devant et LES BOUCANIERS partis dans leur folle remontée après s’être bagarré avec les algues, sont sur nos talons.
Jour 3
Le vent faiblit. Un peu après un joli coup dans la baie de Genève nous nous retrouvons en 2nd place et creusons régulièrement. Belles conditions de navigation avec un vent toujours soutenu. La fatigue s’installe.
Nous tentons de passer à Vidy dans une atmosphère particulière, en pleine nuit. Moins de crainte car les orages sont partis. Lumières de la côte. Passage du mauvais côté de la bouée sans la voir… Dans le doute, nous retournons passer la bouée d’entrée puis la bouée de passage. Un bon ¼ d’heure de perdu…
Jour 4
Nous avons bien creusé. LITTLE NEMO 2 est vraiment loin et pensons à cette deuxième place Nous quittons Genève sous un léger vent d’ouest. A hauteur d’Yvoire, on réalise que ça vient aussi sous spi dans l’autre sens !!! Va falloir gérer la transition, ce que nous ratons : nous nous passons 1/3 côte France et buttons sur ce vent contraire une fois, deux fois, dix fois… Derrière nous le spi rouge de FLASH grandit a vu d’œil, file sur Yvoire alors que nous nous bagarrons mi-lac. Il réussi sa transition et nous voilà derrière. NOE se place avec nous et LES BOUCANIERS filent avec FLASH.
Bilan au bout de 96 heures de course : nous passons de 2 à 5…. Terrible lac !
Pas de mots à bord, on encaisse, finissons par sortir de ce trou et reprenons la course.
NOE va côte suisse et s’y perd. FLASH file sur Vidy suivi par LES BOUCANIERS. Nous revenons lentement mais sûrement sur LES BOUCANIERS et FLASH. Soudain LES BOUCANIERS virent et filent vers le Bouveret. A bord, c’est un questionnement sur le bien-fondé de ce virement de bord pour aller à Vidy alors que devant FLASH continue tout droit… Nous apprendrons qu’en fait LES BOUCANIERS n’avaient pas reçu l’information du raccourcissement sur Vidy.
A Vidy les cartes sont rebattues avec dans l’ordre LITTLE NEMO 2 loin devant, suivi de FLASH CHAMAN, LES BOUCANIERS et NOE. Dernière nuit dans les petits airs avant un dernier coup d’ouest à 20 nœuds encore un empannage chaud sous spi, faut être prêt pour faire la régate.
Jour 5
Arrivés à Vidy, nous partons sur des parcours encore plus raccourcis sur le radiophare de
Saint-Prex, à 3 reprises. Nous revenons à 15 mn de FLASH. Stratégiquement nous tentons de lui mettre la pression à distance. La fatigue nous oblige à une certaine prudence et modestie dans nos manœuvres.
Dernier raccourcissement sur une « banane » devant Vidy, puis la ligne d’arrivée. Malgré notre envie, vidés, nous n’arrivons pas à attaquer FLASH.
A 16 h LITTLE NEMO 2 passe la ligne en grand vainqueur, suivi de FLASH, CHAMAN, LES BOUCANIERS et NOE.
NOE qui a fait la course comme nous, ne sera pas classé, comme prévu au départ du fait de la présence d’une troisième personne pour permettre des prises de vues dans le cadre d’un film à venir.
Au final :
5 jours fantastiques sur un bateau que nous aimons tous. Bateau bien physique étant donné les surfaces de voiles. Qui permet cependant un certain confort par des mouvement plus doux, plus de place à bord et une étanchéité supérieur de sa cabine. Le bateau est sain.
Aucuns abandons en GS sur cette édition éprouvante en raison du stock de vent que vous avons utilisé. En dehors de LITTLE NEMO 2 un cran au-dessus, le plateau a été homogène ce qui a généré une bagarre quasi continue avec de très fréquent changement de places.
Cette régate et ce lac n’ont pas d’égal ; merci à l’organisation d’avoir permis à notre série de participer. A voir si l’expérience se renouvelle. En tout cas si ce n’est des vocations, cette première édition en GS a suscité la curiosité ;
Entendu sur les pontons :« tu as vu les 5 jours en GS, ça ne te dirait pas toi aussi d’y aller… » ou encore « j’ai bien envie de refaire les 5 jours mais cette fois en GS… »
CHAMAN
Christophe FREY
François de BONDELI